Les fondements du Kundalini Yoga
Yoga ancestral dans la voie du Shivaïsme du Cachemire
La voie du Tantra sans galvaudage
Les arborescences de ce raj yoga
Yoga de la Conscience
Je pensais, je m'étirais, j'étais une. Une qui rampe, qui s'enroule, qui s'élève. Une qui espère toucher la lumière au plus près de sa source. Christine Van Acker.
Héritage de millénaires d’expériences yoguiques, le Kundalini Yoga ou “Yoga de la Conscience” peut se rencontrer sous diverses formes selon les maîtres qui ont transmis les enseignements auxquels il se rattache.
La voie tantrique dans laquelle il prends sa source est une voie non-duelle. Le Shivaïsme du Cachemire dont la philosophie enseigne que le monde est une expansion de Dieu et qu’en conséquence la réalisation doit s’obtenir au sein de la vie quotidienne : Tout est Un. Il s’agit donc d’un Yoga très libre de concepts et de dogmes religieux.
Au commencement
Les pratiques corporelles tendrement féroces requièrent un engagement presque sans limite lors des initiations permettant de briser les résistances et enlever les voiles des illusions. Fruit d’un transmission seulement orale qui s’inscrivait dans le Yoga de la Lignée entre un Maître enseignant -Tantrika- et l’initié -Adepte- ces pratiques restaient difficiles d’accès pour les non-initiés – Pashus, et trouver un maître était un défi : tout cela restait très secret.
De nos jours
Cette Tradition ancestrale atemporelle a été contemporanéisée pour se diffuser au grand jour.
En dehors de toute controverse, Yogi Bhajan y a fortement contribué en introduisant le Kundalini Yoga dans les années 1970 en occident, rendant accessible une partie de ces enseignements en vulgarisant la transmission dans les pratiques. Daniel Odier lui, a retranscrit son expérience initiatique au Cachemire auprès de Lallita Devi -Tantrika- par ses ouvrages stages et séminaires qui ont largement contribué à divulguer certains KaliPuja et autres rites tantriques, et l’art du Tandava. Eric Baret extrait la quintessence de cet art du non-faire, du laisser-faire : yoga de l’écoute, de la disponibilité, tout en présence sans quête ni attente. De son coté, David Dubois partage dans ses ouvrage et formations son expérience directe et réflexions de plus de 25 ans au contact de cette tradition indienne extraordinaire qu’est le Shivaïsme du Cachemire. Quant à Luis Ansa, écrivain-chamane-soufiste, il lui fait échos en célébrant l’homme comme mémoire de l’Univers -porteur du Tout- avec la Voie du Sentir dont il est le père.
D’autres formes de transmission sont toujours bien présentes notamment dans la région himalayenne, où la passation se poursuit dans le Yoga de la Lignée entre un Maître et son disciple, comme ici en occident avec la branche du Yoga du Cachemire de Jean Klein et ses descendants, ou du Tantra Yoga d’Osho et ses descendants, entre autres.
Les enseignements du Kundalini Yoga
Inscrits au cœur de cette Tradition non-duelle
Quand je me pose et que je laisse ma respiration retrouver son rythme, quand je laisse mon corps retrouvez son espace, c’est mon être tout entier qui retrouve sa juste place. Alors je peux sentir, pressentir, trouver cet alignement, cette résonance avec ce que je suis profondément. Eric Baret.
Éric Baret
Daniel Odier
Luis Ansa
Le Kundalini Yoga étant un art alchimique, chaque séance que visite cette pratique holistique ancestrale permet d’aller œuvrer sur des espaces et parties spécifiques de notre être pour servir notre totalité. Il œuvre et traite en effet avec l’énergie Kundalini : l’effervescence fertile et créative de l’univers, et du principe de son extraction chez l’individu, sève vitale aux propriétés exquises.
Avec ou sans intention, chaque proposition est un alibi à l’éclosion, à la libération d’un cadre souvent limitant, à la dissolution de croyances réductrices, de comportements obsolètes comme autant de postures à revisiter ici. Et c’est une ode à la sensation : la sensation pure d’une peau frémissante, d’un corps pétillant.
L’univers tout entier est régi entre une permanente alternance entre contraction et dilatation. C’est la respiration de l’univers : le mouvement perpétuel de l’énergie porteuse de vie.
Ainsi, tout relève de nos postures et de nos perception à ré-explorer afin que les contractions ne soient rien d’autre qu’une manifestation naturelle et passagère qui précède inévitablement une nouvelle expansion. Dans un cycle continu, en un mouvement perpétuel.
Énergie des profondeurs, le Kundalini Yoga -yoga Tantrique- explore la globalité de nos corps, de nos Psychés.
Sa pratique régulière et engagée permet de reconnaître la puissance de cette énergie souvent endormie, d’apprendre à la contacter, à l’apprivoiser voire à la canaliser tant sur le plan physique, mental qu’émotionnel, afin de servir ainsi au mieux nos plus hautes vertus en tant qu’être humain : celles du cœur.
Ces séances ne sont qu’un lieu d’expression d’innocence et de passion brûlante, de palpitations et de libertés partagées. Puisque nous sommes incarnés, autant jouer ce jeu de la vie avec le plus de confort, d’aisance et de joie possible.
Je prends le parti de ceux qui cherchent et doute de ceux qui ont trouvé, car ils sont morts. Rien de plus vivant que la quête, rien de plus beau, pour autant qu'on cesse de chercher à l'extérieur du Soi. Daniel Odier.
Notre état naturel est la Joie.
Et pour ne pas corrompre cet état qui manifeste notre lumière, nous devons recontacter l’Amour, ce que nous sommes fondamentalement.
L’amour sans stratégie ni attente. L’amour sans jugement ni compensation. Sinon c’est du marchandage.
Le Prem : l’amour inconditionnel, celui qui ne discrimine rien, celui qui est non-duel.
L’amour est un kriya qu’il nous faut explorer.
Et chaque jour que la conscience se goute elle-même, explore le vivant à travers moi et m’invite à choisir des postures : c’est le kriya, le chemin de l’incarnation.
La vie est le Yoga.
Puissance infinie de création, énergie de la Conscience, rayonnement de la Félicité, les expressions de la Kundalini sont multiples. Qu’importe son nom !
Kundalini, de son étymologie la lovée, l’annelée, est formulée parfois poétiquement par “boucle de cheveu de la bien-aimée”. Cette métaphore évoque l’ondulation vivante et vibrante de la chevelure de la déesse Shakti, chevelure déployée à l’infini, tissage vibratoire qui construit l’univers tout entier : la grande toile d’Indra.
Shakti, ou la grande déesse, est l’accoucheuse de l’univers, la mère divine, la puissance de la fécondité : la potentialité de toutes les arborescences possibles. Elle est l’énergie féminine de Shiva qui contient tout le non manifesté afin de le rendre manifeste. Aussi, Kundalini est la grande créatrice de l’univers : elle est l’allumeuse des mondes, instillant la pulsion de vie pour rendre formel l’informel, connu l’inconnu et visible l’invisible.
Lovée 3 doigts et demi sous le nombril dans la Kunda (le ventre), cette énergie, une fois réveillée, se déroule et se dresse le long de Shushmuna (le nadi central) : notre serpent de vertèbre, jusqu’à s’expanser par-delà des limites de notre pâte corporelle et se fondre dans la vacuité pour finir par se lover tendrement dans son siège : la sphère du cœur.
Représentée par un serpent, symbole de connaissance, de sagesse (le savoir inné) et de médecine, cette énergie puissante et sauvage est manifeste en chacun de nous. En tous. En tout. Elle est ce qui Est. Dans le manifesté. Elle est l’énergie de la pulsion de vie, le pouvoir de création.
Et elle est tout autant la grande destructrice de l’univers : la grande dévoreuse. Par sa puissance d’anéantissement elle permet la régénération perpétuelle du cosmos. A l’image de son emblème le serpent, on lui attribue le pouvoir de vie et de mort.
De ce fait, Kundalini est parfois symbolisée par une spirale enroulée trois fois et demi sur elle même.
Car si les trois premières boucles de la spirale involuée rappellent les égarements de l’individu dans les trois états fondamentaux de la conscience que sont la veille, le rêve et le sommeil profond, la demi boucle restante promet la possibilité d’un quatrième état : celui de la conscience réconciliatrice, l’unité.
C’est pourquoi dans le corps humain Kundalini apparaît comme un réservoir d’énergie aux propriétés créatives. Germe de tous les possibles, elle précède toute forme de créativité. De la procréation à l’expression de l’imaginaire, aux mouvements du souffle comme de la parole jusqu’aux élans de nos aspirations les plus hautes, l’expression qu’elle prend dépend de la qualité de conscience que l’on a de celle-ci.
La Shakti est la cause de tous les êtres. Bhavana Upanishad.
Dans le cadre de la transmission
Ce Yoga ancestral nous permet d’explorer cette énergie sauvage dans sa puissance primale, d’en ressentir le flux, et de la savourer férocement, jusque dans sa forme tantrique et archaïque la plus spontanée : explorations vouées au frémissement, au bouillonnement, à l’éclosion, à la dilatation, à l’émerveillement.
Cette très ancienne technique holistique nous invite à malaxer, à émulsionner les différents plans de l’être en jouant avec notre pâte corporelle dans la matière de l’air et de l’espace, sans attente, sans recherche, ouverts à ce qui est, simplement. Et à les sceller, les pratiques étant devenues rituels à l’union sacrée entre le corps, le mental et l’âme, trinité interdépendante.
Opérer dans la conscience de ce lien et nous élever, dans et par ces pratiques avec lesquelles nous jouons ensemble. Tout est là.
Pour s’aventurer à porter un regard neuf sur tout ce qui se joue à chaque instant en de multiples facettes.
Pour qu’intuition, neutralité du mental (discernement) et détachement (non addiction) s’installent dans nos vies pour plus de confort : nous engager envers nous-même et sans plus nous solder. Pour l’ivresse.
Fondamentalement, le Kundalini Yoga est l’acte de faire converger les éléments dispersés de la conscience ordinaire dans l’unité de la vibration originelle.
À jamais, nous arrivons. À jamais, nous partons. Pour toujours, nuit et jour. Nous sommes dans un mouvement qui toujours nous ramène à notre lieu d'origine. Il y a là un mystère. Une vérité à saisir. Lala, Chants mystiques du tantrisme cachemirien.